Les 10 expositions incontournables d’art contemporain africain à voir cet automne 2025 (Afrique & Moyen-Orient)

Les expositions d’art contemporain africain et moyen-oriental les plus attendues de 2025 sont enfin là. De Nairobi à Casablanca, du Cap à Addis-Abeba, une nouvelle saison s’ouvre avec des expositions audacieuses et incontournables, explorant la migration, la spiritualité, la mémoire et la résilience. Cette rentrée vibre de couleurs éclatantes, de textures délicates et de récits intimes, tandis que des artistes comme Tahir Karmali, Neo Matloga et Sthenjwa Luthuli repoussent les frontières de l’appartenance, de la filiation et de la transcendance. Découvrez les 10 expositions incontournables qui redéfinissent l’art contemporain à travers l’Afrique et le Moyen-Orient cette saison.


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Hang me Between our Windows, Tahir KARMALI, Circle Art Gallery, jusqu’au 16 Octobre 2025

Tahir Karmali se distingue par une pratique à la fois généreuse et prolifique. À travers des monotypes, des chemises en soie teinte, des structures en acier et des pierres ramassées, l’artiste né à Nairobi transforme chaque espace où son œuvre s’installe en un organisme vivant, où chaque élément agit comme une cellule, une membrane ou un organe. Dans Hang Me Between Your Windows, les impressions à l’oxyde rouge palpitent comme des globules sanguins, tandis que des chemises sculpturales suspendues s’ouvrent, semblant nous inviter à entrer. Il en résulte un espace de vulnérabilité et d’ancrage, où l’intimité devient un acte de résistance face à la déconnexion, à l’extraction et à l’effacement.

Créée à travers des gestes répétitifs et méditatifs — imprimer, teindre, plier, draper — Hang Me Between Your Windows réinvente le processus artistique comme un acte de régénération plutôt que de catharsis. Les œuvres prolongent l’exploration par Karmali des thèmes de la migration, du travail et de l’appartenance, tout en suggérant que l’art peut replanter les graines du corps même dont il est issu. Né à Nairobi et installé à Brooklyn, Karmali a largement exposé, notamment à la Biennale de Dakar 2024, au Kunsthal de Rotterdam et au Guggenheim de Bilbao. Sa pratique continue de relier le viscéral et le poétique — cartographiant non seulement nos origines, mais aussi les façons dont nous restons connectés.

Exile Within, Adiskidan AMBAYE, Addis Fine Art,  jusqu’au 1 Novembre 2025

Adiskidan Ambaye explore la spiritualité et les tensions de la vie moderne dans son exposition Exile Within. Ses peintures contemplatives, composées de multiples couches de petits cercles, forment des figures amorphes et semi-figuratives évoquant le mouvement, la profondeur et une intensité chromatique vibrante. Trois sculptures complémentaires — réalisées à partir de contreplaqué fusionné et de bois flotté — prolongent l’énergie gestuelle de ses toiles, semblant en équilibre fragile, tels des danseurs en mouvement.

Le Correspondant ne répond plus à cette adresse, OH Gallery, jusqu’au 8 Novembre 2025

OH Gallery ouvre la saison avec عنوان لا, Le Correspondant ne répond plus à cette adresse (The Correspondent No Longer at This Address). Réunissant Souad Abdelrasoul (Égypte), Viyé Diba (Sénégal), Abdoulaye Konaté (Mali), Ghassan Salhab (Liban) et Ousmane Sow (Sénégal), l’exposition interroge l’expérience du déplacement dans toute sa violence structurelle. À travers la peinture, le film et l’installation, les artistes explorent les dynamiques complexes de la migration, à la fois expérience corporelle et identitaire, mais aussi vecteur de transformation, de mémoire et de résistance. En tissant ensemble des géographies multiples, l’exposition met en lumière la manière dont les contextes sociaux et politiques façonnent les trajectoires migratoires, révélant les tensions entre territoire et appartenance, frontières imposées et espaces vécus. Elle questionne ainsi les héritages postcoloniaux et les systèmes de domination qui continuent d’organiser la circulation des corps et de façonner les imaginaires de l’exil, du retour et de l’impossibilité du départ.



Casablanca Imaginiste, Abdelkrim GHATTAS, Loft Art Gallery, jusqu’au 8 Novembre 2025

La Loft Art Gallery présente Casablanca Imaginiste, une exposition personnelle de nouvelles œuvres du peintre marocain Abdelkrim Ghattas (né en 1945 à Casablanca), inaugurée le 9 octobre 2025 dans l’espace casablancais de la galerie. Sous le commissariat de Maud Houssais, l’exposition explore la relecture visionnaire de Casablanca par Ghattas, imaginée comme une cité Bauhaus utopique où la mémoire et l’imagination se rejoignent.

Pionnier issu de l’École des Beaux-Arts de Casablanca, Ghattas puise dans les histoires personnelles et collectives — du port de plongée de son père au métier à tisser de sa tante, en passant par l’école des Beaux-Arts — pour composer des paysages psychogéographiques riches et stratifiés. Ses peintures transforment la ville en un espace de mémoire, d’invention et de potentialités radicales, oscillant entre dimensions réelles et imaginées.

Casablanca Imaginiste souligne l’engagement de Loft Art Gallery envers le patrimoine artistique marocain, arabe et africain, et consacre Ghattas comme une figure majeure du récit moderniste en pleine réinvention. À voir absolument.

Fabric of Our Being, April KAMUNDE, Afriart Gallery, jusqu’au 8 Novembre 2025

Dans sa nouvelle série Fabric of Our Being — prolongement du cycle en cours Rest: The Pursuit of PeaceKamunde approfondit son exploration du dera, une robe récurrente dans sa pratique, symbole à la fois de repos et de significations plus complexes. Dans ces nouvelles œuvres, l’artiste met en lumière les perceptions nuancées, parfois contradictoires, entourant ce vêtement.

Traditionnellement, le dera évoque la détente et le répit : sa coupe ample et son tissu léger suggèrent le confort. Pourtant, pour Kamunde et de nombreuses femmes de son entourage, il s’apparente aussi à un uniforme — tenue pratique pour les tâches domestiques, le télétravail et les activités du quotidien. Dans le même temps, la fluidité de sa silhouette oscille entre pudeur et sensualité, révélant la tension entre respectabilité et visibilité.

L’exposition, commissariée par Rosie Olang’ Odhiambo et Sharon Neema, a d’abord été présentée à Nairobi de juin à août, avant de revenir à la Afriart Gallery, où elle est visible jusqu’au 8 novembre 2025.


Group Show, Kamyar Bineshtarigh, Southern Guild, jusqu’au 10 Novembre 2025


Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie, Group Show, Bineshtarigh reprend et perfectionne sa technique de transfert de surface dans une étude consacrée aux murs et aux sols prélevés dans les ateliers d’artistes travaillant en Afrique du Sud. Ces œuvres immersives et mixtes donnent corps à sa curiosité pour les processus créatifs des artistes, chaque pièce portant en elle des strates d’histoire et d’énergie issues de son lieu d’origine — l’atelier.



Je’ni isi isi (Jenisisi), Ebuka Pascal AGUDIEGWU, Ecclectica Gallery, à partir du 4 Septembre 2025

Je’ni isi isi (« retour au commencement » en igbo) constitue le fil conducteur de la dernière exposition d’Ebuka Pascal Agudiegwu, qui réinvente mythe, mémoire et archétypes bibliques à travers une peinture luxuriante et allégorique. S’inspirant de la cosmologie igbo et des contes oraux entendus dans son enfance, Agudiegwu fusionne folklore et épisodes bibliques — le char de feu d’Élie, le bâton-serpent de Moïse — en les dépouillant de leur dogme pour en révéler les archétypes universels. Des œuvres telles que Yearning for Eden et A Match Made in Heaven font écho au désir historique de paradis et à la lutte spirituelle dans l’histoire de l’art, tout en les replaçant dans une perspective de combats intérieurs et psychologiques. Les nuages se transforment en bêtes, le feuillage porte une charge narrative, et les figures flottent entre les mondes. L’exposition invite le spectateur à percevoir le mythe non pas comme nostalgie, mais comme un outil pour comprendre le présent.


Delicate Things and a Place called There, Wunika Mukan, jusqu’au 12 Octobre 2025

Delicate Things et A Place Called There proposent une méditation à la fois tendre et résolue sur la croissance, la mémoire et la pause fragile qui précède toute expansion. L’exposition réunit les pratiques distinctes de Adulphina Imuede et Ashiata Shaibu-Salami qui, à travers la vulnérabilité de leurs matériaux, l’intimité de leurs récits et la délicatesse de leurs images, dévoilent l’universalité de la croissance — rappelant que nous ne sommes jamais seuls face à nos incertitudes.


Unkhangu/Birthmark, Sthenjwa LUTHULI, WHATIFWORLD @Norval Foundation, jusqu’au 10 Janvier 2026

WHATIFTHEWORLD présente Umkhangu/Birthmark, une exposition personnelle de l’artiste sud-africain Sthenjwa Luthuli à la Norval Foundation à Cape Town, à partir du 11 septembre. Autodidacte et né en 1991 au KwaZulu-Natal, Luthuli est reconnu pour ses reliefs en bois finement sculptés et ses gravures sur bois, explorant l’identité, le spiritualisme africain et les traditions culturelles.

S’inspirant de motifs, de symboles et du savoir ancestral, ses œuvres réfléchissent au corps comme lieu de mémoire, de lutte et de transformation. Le titre de l’exposition, Umkhangu (« grain de beauté » ou « marque de naissance » en isiZulu), évoque la présence ancestrale et une intention spirituelle. Présentant quatorze œuvres réalisées entre 2010 et aujourd’hui, l’exposition met en avant la pratique de Luthuli comme un récit visuel reliant le physique et le métaphysique, sous le commissariat de Tayla Hollamby et de l’équipe de la Norval Foundation.

Tomorrow is Another Day, Neo MATLOGA, STEVENSON Gallery, jusqu’au 25 Octobre 2025

STEVENSON présente Tomorrow is Another Day, une exposition personnelle de nouvelles peintures de Neo Matloga — sa première à Johannesburg depuis 2020. Naviguant entre Johannesburg et son village natal de Mamaila, Matloga crée des « paysages psychologiques » qui saisissent des moments intimes du quotidien, oscillant entre amour, exaspération et dignité. Travaillant la peinture, le collage et le monotype, il explore le geste, l’échelle et la matérialité pour mettre en lumière la politique du corps, et en particulier des mains, symboles de travail, de réconfort et d’accès. Ancrée dans le récit, le mythe et le rituel, l’exposition reflète la résilience et le courage silencieux inscrit dans la vie quotidienne.


Cross Lens, Hassan HAJJAJ x ATAY ATELIER, Jajjah Art Space,  Marrakech, à partir du 1 November 2025

Cross Lens, Hassan HAJJAJ x ATAY ATELIER, Jajjah Art Space

Hassan Hajjaj et Atay Atelier font sensation avec Cross Lens, une exposition-dialogue entre la diaspora néerlandaise-marocaine et le Maroc. À découvrir à partir du 1er novembre au Jajjah Art Space à Marrakech, l’exposition met en lumière huit artistes émergents — quatre du Maroc et quatre des Pays-Bas — chacun explorant l’identité culturelle à travers son propre regard. L’exposition est soutenue par le Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas.

Artistes présentés : Sarah Amrani, Sabrina Charehbili, Jinane Ennasri, Safaa Kotbi, Ismail Zaidi, Mounir Raji, Fatima-Zohra Serri et Dunya Zita.



The Weight of the Unseen, Tibeb SIRAK, Tewasart and Patrons, jusqu’au 27 Octobre 2025

Né à Jijiga en 2001, élevé en Somalie et désormais basé à Addis-Abeba, Sirak ancre sa pratique dans le patrimoine somalien tout en parlant à l’expérience humaine universelle. S’inspirant des textiles, des bijoux et des formes d’art traditionnelles, il traduit la mémoire culturelle en un langage visuel distinct. Travaillant la gravure sur bois et l’acrylique, Sirak explore le pouvoir symbolique des motifs comme ponts entre passé et présent, tradition et innovation. Ses figures incarnent mémoire, filiation et identité, portant le poids invisible de l’histoire. The Weight of the Unseen invite à réfléchir à la résilience, à l’héritage et à la beauté silencieuse de ce qui perdure en nous.


MAYÌ ARTS

www.mayiarts.com

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