L’art de collectionner : 5 erreurs à éviter quand on débute
AKAA
Collectionner l’art africain : un acte intentionnel
Derrière chaque acquisition, un regard, une émotion, une vision
Collectionner l’art africain, ce n’est pas simplement acquérir des œuvres : c’est poser un regard, affirmer une sensibilité et participer à une histoire culturelle en pleine écriture.
Derrière chaque acquisition se cache une intention — émotionnelle, esthétique ou intellectuelle. Pourtant, de nombreux collectionneurs débutants tombent dans des pièges courants, souvent par enthousiasme ou par manque d’accompagnement.
Pour bâtir une collection cohérente, durable et sincère, il faut du temps, de la curiosité et une certaine forme de discipline.
Voici cinq erreurs à éviter lorsqu’on commence une collection d’art africain contemporain.
Miser uniquement sur ce qui “marche”
Depuis une dizaine d’années, le marché de l’art africain connaît une visibilité sans précédent. Entre 2015 et 2022, foires, ventes aux enchères et expositions institutionnelles ont mis en avant une scène longtemps marginalisée, concentrant l’attention sur certaines régions ou esthétiques dites “bankables”. Mais acheter selon la tendance ou la hype du moment empêche souvent de construire une collection cohérente et personnelle.
Les grandes collections ne se définissent pas par leur conformité au marché, mais par la cohérence du regard de celui ou celle qui les compose.Apprendre à écouter son œil avant le marché, c’est comprendre que chaque œuvre est d’abord un lien intime avant d’être un placement.
Chaque œuvre, avant même de rejoindre un ensemble, contient une histoire singulière, un lien intime. Au fil du temps et des acquisitions, une collection raconte une histoire et devient le reflet d’un parcours, de rencontres et d’émotions, bien plus qu’une série d’investissements.La boulimie d’achats
L’excitation des débuts pousse parfois à acheter trop vite, trop souvent. Qu’il s’agisse d’un coup de cœur pour un artiste, d’un échange inspirant avec un galeriste ou simplement du désir de constituer rapidement un patrimoine, cette précipitation peut nuire à la cohérence de la collection. L’essor du marché et la multiplication des foires et expositions consacrées à l’art africain ont contribué à créer un sentiment d’urgence.
Une collection se construit dans le temps. Chaque œuvre mérite d’être comprise, contextualisée et aimée. Prendre le temps de rencontrer les artistes, de comprendre leur démarche et d’observer l’évolution de leur pratique est une part essentielle du processus de collection.
Ne pas explorer d’autres horizons
Se limiter à un seul réseau ou à un type d’art restreint freine l’enrichissement du regard.
Visiter des galeries, des ateliers ou des expositions en dehors de son circuit habituel permet d’élargir ses références, de découvrir de nouveaux talents et de mieux comprendre la diversité du marchéCollectionner, c’est avant tout un acte de curiosité : apprendre à voir au-delà des circuits établis pour comprendre la richesse et la diversité des pratiques contemporaines africaines. Limiter son regard à quelques noms ou galeries connues, revient à ignorer la vitalité du continent et de sa diaspora.
Ne pas consulter un professionnel
Galeristes, conseillers ou curateurs indépendants peuvent vous orienter, vous aider à éviter les pièges du marché et à développer un regard plus affûté.
Le marché de l’art africain bien qu’empirique, reste encore en structuration notamment en ce qui concerne les jeunes artistes. S’entourer de professionnels : galeristes, conseillers ou curateurs indépendant, permet d’éviter des écueils fréquents : provenance incertaine, certificats non conformes, surévaluation ou achat impulsif. Ces accompagnements n’enlèvent rien à la liberté du collectionneur ; ils lui donnent au contraire les outils pour exercer cette liberté avec conscience et expertise. Savoir s’entourer, c’est aussi participer activement à la professionnalisation du marché.
Négliger la documentation
La valeur d’une œuvre repose autant sur sa qualité que sur sa traçabilité.
Factures, certificats d’authenticité, historique d’exposition ou correspondance avec l’artiste : ces éléments constituent la mémoire vivante d’une collection. C’est particulièrement essentiel pour les œuvres acquises directement auprès d’un artiste ou d’un marchand indépendant. Un certificat signé à l’atelier devient un gage de crédibilité et un outil de valorisation pour l’avenir. Conserver la mémoire de chaque acquisition, c’est aussi contribuer à l’histoire du marché de l’art africain contemporain, encore en pleine écriture. Ne négligez jamais cette étape.

